mardi 6 mars 2012

Doit-on dire à tout le monde ce qu'on ne peut dire à personne ?

Les passages piétons luisent et changent de couleur. Le rouge et le vert trainent par terre. Brillamment. Les pas résonnent de tout leur poids, glissent un peu parfois. Je retrouve les ponts de mes sourires. Les ponts de Lyon la nuit, c'est un idéal de vie. Petite, de passage, je regardais depuis la voiture, avec émerveillement la ville de nuit. Je me voyais plus grande, regardant le fleuve noir transporter les lampadaires. Certains attendaient les boites. Moi j'attendais les ponts de nuit. Je me voyais parfois solitaire, avec un appareil photo, un prisme à poésie. Parfois accompagnée, rieuse. Et d'autres mots en -euse (heureuse, amoureuse, silencieuse, mystérieuse...). Maintenant je suis plus grande, j'ai marché des kilomètres de nuit -parfois effrayée et parfois pas- à Lyon, à Saint Etienne, à Dublin et dans d'autres passages. Seule ou accompagnée. Pas tout à fait conforme à mes images d'Epinal. Un peu comme un reflet flou, complexe, brouillon de mes regards d'alors. Un peu moi et un peu une autre. Rhizome, vivace. J'ai un carnet contre la hanche et le son de leurs deux voix encore dans la tête. Je suis seule et accompagnée. Un gros casque me chuchote des mots d'Alain Bashung. J'hésite à m'arrêter, mais je poursuis, on m'attend. 

"Madame rêve d'archipels, de vagues perpetuelles..."


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