jeudi 16 juillet 2015

MayDay #2 - A part qu'il ment, le vent

(article écrit depuis un bail, auquel il manquait les photos - Village de T&J )

Mai Premier,  'Mé, jour d'anniversaire. Quatre-vingt-dix tout rond. Tous là, tu vois, sauf les absents, qui n'ont même pas tord. Qui leur en voudrait d'être parti ou d'être mort ? Il reste leurs trous dans l'eau, on fait avec, on se tient chaud, on se plaisante. Quand elle écrase une larme, une main un peu plus présente sur le bras ou l'épaule parce qu'on n'est pas loin. Et quand l'éclaircie monte, on va prendre l'air dans la campagne orageuse. On joue toujours, ensemble.


Mai, le reste du temps, je visite des appartements.

Mai, aventure pour trouver le théâtre, pour se trouver.  On passe la journée baignées dans l'espagnol, qui m'est étranger. Celar, R. et moi. J'écoute la langue qui bat ses accents, qui se déploie dans la pièce. Je ne comprends que confusément, et je dois me fier au son. Je me rends compte en écrivant qu'il s'agissait essentiellement de traductions. Et que j'ai certainement entendu plus de français que d'espagnol. Pourtant, l'impression subsiste. La sensation que Pilar Pombo et que Lorca m'ont tirée par la main. Avec délice, suivre. Apprendre à se connaître, à toutes les trois. Finir en terrasse, sous la pluie et la bière, à se faire croire qu'il fait beau.

Mai, rentrer dans la rue d'Or, qu'elle ne connaît pas encore. Pleurer en l'écoutant chanter. Rire souvent, et parler tout bas ou parler fort. Le long du quai. Tricoter une Marcelle, à quatre mains,

Mai, sur le calendrier, il y a beaucoup de noms, des thés et des dîners. Un jour de grève,souligné. Un conseil de classe, une visite d'anniversaire surprise, des apéros et des verres au soleil.


Mai, le reste du temps je visite des appartements.

Mai, dans leur maison de pierre et en haut de la tour, pour la première fois. T&J nous emmènent dans leur lieux. ils savent où la vue et où la bière. Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas autant causé. C'est bien tout simplement.


Mai, dernier jour de travail avec Hélène. C'est un surnom, évidemment. Hélène est jeune, brillante, et autonome. Mais un coup de main pour préparer l'examen, cela rassure. Je suis là pour ça. Je suis émue par sa passion pour la littérature russe, son amour de l'opéra, son manque de confiance. Elle parle d'Antigone et du jeune Werther avec cette fougue qui fait écho. Elle les yeux qui brillent quand elle parle de son premier opéra, de l'émotion encore palpable et de savoir, aussi, qu'elle ne pourra pas  retourner avant des mois, peut-êtres des années. Elle s'essore un peu quand elle est surprise par le temps, et la peur. Et puis, je la rassure, comme on m'a rassurée parfois. Moi qui n'ai qu'une image de grande soeur, c'est un peu comme si, timidement, j'en rencontrerai une petite. Une petite soeur de doute et de littérature, de décalage, et d'hésitations, de poésie et de théâtre. Toutes deux pétries de pudeur, on s'enthousiasme pourtant des découvertes à venir. Ses parents sont d'une gentillesse, d'une force, et d'un dévouement qui m'impressionnent. Peut-être que c'est la fin de mon travail avec Hélène. Pour le reste, je crois que ce ne peut être qu'un début.

Mai, après quelques temps, j'ai trouvé un appartement.