mercredi 31 octobre 2012

Il n'est pas dimanche mais...

... un petit Boris au débotté, ça fait plaisir quand même. 


Un quart née

Faut quand même que je vous dise : une nouvelle dimension de Lapiazée est ouverte : ça s'appelle Un Quart née... et trois autres à-venir, et il s'agit de petites choses brouillonnées, d'extraits de projets en cours, de presque-poèmes.

jeudi 25 octobre 2012

Filles de taire

Chère mademoiselle,

Je vous écris du bout du temps
Du bout du monde, accessoirement
De ce confin , comme insulaire
Où je désert en ce moment.

Parce que j'entends la voix qui
M'est si familière, m'est si
Lointaine, autre, qui m'est si chère
Cela me serre, cela me suit

Je pensais à ces vieux tourments
A mes émois adolescents
A cette rencontre naguère
A l'atmosphère, aux belles gens

J'étais triste, un peu ahurie
Je logeais des poumons de suie
J'étais triste et j'étais sincère
La gémellaire au fond du puit

Et vous, vous aviez du talent
De la patience, tempérament.
De votre présence temporaire
S’aère mon phrasé ciment

A voix ouverte l'heure s'enfuit
Se dessinent les embellies
Résonnantes et printanières
Je m'affaire à bruisser d'envie

Croire et croître vers un avant
Au milieu des mots qui, dansant
Me fleurissent à la boutonnière
Que m’indiffèrent les passants.

Et voilà que je suis partie
Vers d'autres verres, vers d'eau de vie
C'est ce que font les filles de l'air
Les costumières qui s'enfuient

Vous avez quitté un moment
Après ce lieux de mes seize ans
Et les années font des misères
Aux pairs qu'on échappe dans le vent

J'envoie toujours mes mots-toupie
Jouer le monde à la bougie
Je vague baléinoptère
Ephémère atome qui sourit

Aucune pitié pour l'antan
Il s'est accroché si longtemps
Au cou du frêne centenaire
Si poussière, plus rien n'attend

Que cette pause boitillement
Sous l'aile légère des gréements
Pour vous saluer femme terre
Dans l'aire de nos cheminements

Si les aiguilles aguerries
Ne croisent ni le pas ni l'abri
Des fils, écailles, embarcadères
Ni les nerfs tressés sous les cris

Si on ne recroise vraiment
Ni les sourires, ni le chant
Ce brin de jour, cette lumière
Un réverbère pour les absents



















samedi 20 octobre 2012

Epuisée ?

L'épuisement est-il la négation du puisement ? Comme un genre de "ça y est, vous avez dépassé votre quota de puiser dans le monde, on ferme la source pour maintenant". Comme un genre de "le seau est usé, faut s'en aller".
Epuisée, c'est un peu fort, mais très très fatiguée oui. Parce qu'il faut à la fois penser le cours, le mener,   prendre les 31 élèves juste avec ses deux mains, et se débrouiller quand il y en a qui lâchent (en permanence donc) pour aller les rattraper sans perdre les autres, réfléchir à ce qu'on fait et à ce qu'on va faire, et puis anticiper, après, préparer, corriger, organiser pour finir la séquence avant les vacances. J'avais tellement confiance en ce début d'année,  je sens cette confiance s'erroder. Quand je constate que j'arrête de travailler au moment où je devrais être couchée, quand je réalise que je n'ai pas pris le temps de manger à midi, quand je sens les questions et les doutes qui reviennent. quand je me dis que neuf/dix heures de travail et une de transport, dans la même journée, ce n'est pas tenable ad vitam.

Mon rythme de vie a changé, me suis-je dit ce matin, vers 8h30 alors que j'avais l'impression d'avoir traînassé  Mais que le ménage, la toilette, et le pain perdu étaient faits. Il n'y a pas si longtemps, je vivais à moitié la journée et à moitié la nuit. Je "perdais" joyeusement mon temps, le distribuais dans le superflu essentiel à mon calme. Même en prépa, même en concours, je n'ai jamais connu ce rythme là. La petite fille en moi se rêvolte. Il n'est pas même dix heures et je songe à aller me coucher. Parce que d'une certaine manière, déjà, je suis épuisée. En rupture de stock. Il ne reste qu'à fermer boutique.

Pourtant, c'est là, au milieu de cet épuisement, de ce qui reste de mon trouble, que je souhaiterais écrire. Les carnets me tendent leurs feuillets incomplets. Les crayons frémissent sur le bois. Mais je me refuse, encore, parce que demain, il y a école. Paradoxalement, cette vie d'adulte me ramène a une sagesse et à une norme toute écolière. Merde alors.

Je pense à lui, dimanche, qui me disait en substance, de ne pas me remettre à plus tard, de ne pas me contenter de projeter ma vie sans jamais aller voir ce qu'il y a au bout du fil. De faire attention à ne pas me dissoudre dans les envies remises au lent demain. (un salut à l'élève de 6e qui fit cette trouvaille...). Des résolutions se tissent, pour n'abandonner ni l'enseignement, ni le reste. Une fois le fil tissé, on a le choix. Aller explorer le labyrinthe, ou rester là, et s'y pendre.

Je souris, en direction de l'ado en moi, celle qui a rencontré S. et découvert Antigone la première fois, cette ado qui sait que l'enseignement et le reste, tout est lié, par le fameux fil encore emmêlé  Et elle me rappelle, qu'elle veut "croire que tout est encore...". Encore, déjà, là.

vendredi 12 octobre 2012

White Rabbit, Black Habits

[billet en gestation depuis un bail, qui s'est transformé jusqu'à arriver là]

En retard, en retard... 
J'arrive toujours en retard. Sauf au boulot. Mais ailleurs, beaucoup, beaucoup trop. D'ailleurs il y a tant de choses que je fais "de trop". Dormir. Manger. Procrastiner. M'inquiéter. Même si tout ça tend à s'améliorer. Clairement. Mais. J'achète des livres sur des coups de têtes. J'arrache les petites peaux sur mes boutons. Je tire sur mes hauts. J'écris des lettres que je ne poste pas. Je m'excuse souvent. J''oublie les papiers et les formalités. Je m'épile quand j'y pense. Je tords mes mains et mes pieds. Je chante trop fort. Je regarde des films et des séries, parfois fabuleux, parfois de qualité très douteuse. Je papillonne du regard. Je ne sais pas rester tranquille. J'ai des idées de textes que je ne note pas et que je perds ensuite. J'écris des trucs pour des gens qui ne passent pas par ici. Par exemple : je pense toujours à toi quand elle chante ce poème de René Guy Cadou. Voilà, encore un truc qui va se perdre quelque part sur la toile. Je me demande où ça coule, tout ça. Tout ce qui n'est pas lu ou presque pas. Est-ce que c'est foutu, superflu, poussiéreux, prétentieux ? Je me demande des choses qui servent à rien. Mais, ces questions, j'en ai besoin. Je me fatigue, et en même temps, je m'autorise peu à peu à m'aimer bien. J'ai envie de crier des trucs à la terre, mais ces trucs là, je sais pas faire. Alors pour une fois, j'apprends à me taire. Mais un jour, j'ai peur, un jour je crains, que tout ne craque, que ça ne perce.  Et que le flot s'emporte loin. Et que ça fasse mal au point de revenir des millénaires en arrière, à quand moi et moi, on se supportait pas tant que ça. Et que ce soit trop dur, trop tard. 

En retard, en retard.
Je vois des liens tendus  partout, avec les gens que le lis, sur du papier ou sur l'écran. Même s'il s'agit de lianes qui ne sont pas lancées vers moi, je les attrape au passage, parce que ça fait sens ces toiles tissés avec le monde. Le chapitre d'hier soir intitulé "Sérendipité", à la lumière dans la bibliothèque d'un château normand. Les mentions de Perec, me donnent une forme de petite cuiller. Le nom sur la carte topographique - il est question de pierre et de fées- le même que celui visité il y a très très longtemps avec les parents et leurs amis. Alela Diane, et mes pieds fatigués sur le chemin du mini-mémoire à Dublin, quand on s'envoyait des mails avec A., que j'allais me coucher, qu'elle venait de se lever. Des gazouillements sur le silence, la poésie. Un vieux projet retrouvé dans un carnet, où déjà il est question des crimes, de ceux qui sont revenus hanter ma poésie. Et tant d'autres encore, encore, dans cette fameuse cohérence dont je n'arrête pas de parler, au milieu de l'absurde et du chaos.

En retard, en retard.
A défaut de lapins blancs, j'offre mes heures de course après le vent aux vaches claires qui se prélassent dans les champs, déposées comme des fleurs, ici et tellement ailleurs, dans une tranquillité. Le long de l'eau en revenant du collège et du marché, j'ai eu une poussée de joie comme d'autres ont des poussées de fièvres. Joie d'avoir à la fois l'eau, le collège, le marche, et les vaches et l'arbre fou dans le pré. Les jours ici naissent dans un épais brouillard qui permet de rester encore en soi, qui permet de laisser un peu de flou aux choses, de les rendre moins tranchantes. De croire que le monde et ses mauvaises habitudes ne sont pas encore dessinés et qu'on peut encore y mettre ses coups de craie. 

jeudi 11 octobre 2012

Dans la poussière #3 Alouette

[Retrouvé dans un pré-carnet datant du printemps 2009 : texte d'atelier d'écriture en musée, dans une pièce d'échantillons de bois dont le plus lourd était celui de l'amourette. Consigne : écrire un texte commençant par "L'amourette est la plus lourde" et finissant par "L'alouette est la plus gourde". Renversée, forcément.]


L'alouette est la plus gourde. Ah, Alouette, gentille Alouette. Déplumée, pas une cacahuète, le corps en cassolette. Elle n'a qu'un L, elle n'a qu'une aile, bancale éternelle. Alouette, gentille alouette, bonne poire, bonne pâte, que de surnoms ennuyeux, à se plier les yeux en quatre et à se mettre le ventre en deux. Et comment trouver le milieu ? Trop lourde ou trop légère. Tout est question de poids. D'être fait du bon bois. De peser le juste soi. D'être cuite à coeur. Oui, mais mon coeur à moi, il se bat, je demeure sourde. Et l'amourette est la plus lourde. 

lundi 8 octobre 2012

Des fois...

... je me souviens que j'aime bien Clarika, et j'en prends une lampée, avec des clips kitschs et fabuleux, autant qu'avec des mots tous simples qui font mal vers le nombril. Et puis il y a ce titre là, "Je t'aimais mieux",  joyeusement cruel, que je vous laisse découvrir :


A côté de ça, ma gourmandise du moment : Battle Royal par Duke Ellington et Count Basie. Miam. Swing.