mercredi 25 juillet 2012

'I have seen faces in my dreams"

Un jour, je me suis aperçue qu'au début de "Swanlights", j'entendais "I'm leaving" au lieu de "I'm living".
It's a golden thing, it means everything. 

lundi 9 juillet 2012

Murs murs

Trop de choses et trop de mondes différents pour être cohérente. Les vacances arrivent et tout avait beau l'indiquer, je suis surprise. Hébétée. Des kilomètres pour. Avec. Jusqu'à. Concert de rap sous des bouts de pluie. Le corps qui répond, les mots qui reviennent, les gens auxquels je pense. D'autres pluies, diluviennes, bien plus tard dans la nuit. "Petit frère". Se lever, passer une heure à regarder la nuit et les lumières au loin depuis le balcon. Frissonner. 
Etre perdue. Il y a des ébranlements qui détruisent.
La route derrière les efforts de bras tendus, mais les forces sont parties sur d'autres chemins. Rejoindre des oublis provisoires dans les sourires, dans les mots, dans un brunch qui dure. Lire des heures, dans les jardins du Rosaire et pas que, essayer d'y dormir un peu. Sur un banc. Comme si je n'avais plus rien. Est-ce qu'on joue à se faire peur. Ruminer, ruminer, remâcher encore pour créer de nouvelles phrases, pour comprendre, pour chasser la peur et la colère. Lire. Dans le restau seule. Finir Pourquoi être heureux quand on peu être normal ?. Essayer de cacher les larmes derrière le filet d'églefin.  Comprendre. Beaucoup mieux. Comprendre à travers l'apparente opposition. Et ces mots qui sont les miens. 

Dans la file, un autre livre. Dans la file, et sur la pierre, jusqu'à beaucoup plus tard. Jusqu'à ce que les lumières du théâtre antique et du monde s'éteignent pour écouter la grâce. La silhouette noire improbable perd en un instant son allure étrange et presque empotée. La force du corbeau. Je me sens proche de ça. Hypnoses. Bribes de pensées et de mots envahies de sensations sauvages comme des herbes, poussant au gré des airs. Pluie, encore, sur les genoux, sans bruit. Retour à la case départ. 
J'épargne quelques moments puisqu'il faut bien choisir. Journée tranquille, sommeil d'enclume anesthésiée. Le monde se réparera un peu. Peu à peu. Ces trois semaines feront du bien. Un bien fou, je crois, dans la distance et dans le rapprochement. Je rentre chez moi. Oui, chez moi. J'espère n'avoir pas tout de suite à repartir. 

Il y a des ébranlements qui détruisent. Mais c'est de ces ruines fendillées que nait l'aplomb. Je suis un mur qui se reconstruit sans cesse. Je suis un mur qui s'effondre parfois, mais c'est le prix à payer pour y ouvrir des portes et des fenêtres. Pour qu'il fasse plus clair. 

dimanche 1 juillet 2012

Encore un dimanche avec Boris : Hommes, femmes, gallinacés

Une nouvelle petite sélection: un petit tour à Pigalle avec Je peux m'empêcher, et un petit tour dans l'espace avec La Java martienne. 





Joie des fourmis, tristesse de bal

La voix de L recouvre tant bien que mal les résonances du bal sur la place. C'est étrange, ces boum boum dans le creux de cette mélodie nocturne et, d'une certaine manière, lyrique. Oui, le bal, le baloche, la guinche. Pas d'accordéon à l'horizon. Du plus loin que je me rappelle, le bal de la place, aux prémices de juillet, me laisse toujours un peu triste. Remontée des contes de fées méprisés. Qualité discutable de la musique. Répulsion de ces attroupements fillasses et mectons. Impression de solitude, parce que définitivement, je ne suis pas d'ici. De la maison, oui. Mais je n'appartiens pas au village. Mutuellement, on ne se saisit pas.  Pourtant, il y a nombre de visages connus, dans ce village. Des bises, quelques mots. Des rencontres fortuites et agréables. Mais la plupart des liens, hors de la famille, sont des liens de seconde mains. Des "amis de". Pas "mes amis de". Mes amis, ils  n'habitent pas ici, ils n'habitent plus ici depuis longtemps.  
Tout est trop fort, la musique, les rires, et la voix. Forcés. Un éclair de grâce, parfois. Rare. C'est la voix d'L qui me donne envie de danser, seule dans le salon. Avec un verre de vin blanc blanc à la main. De ces danses langoureuses, et solitaires, de ces danses essentielles, de ces crimes sans témoins. Alors, je rentre, et je me réjouis dans la solitude de la maison tardive. 

Les moments d'avant me reviennent par bribes. La nuit de travail, les fou-rires nerveux qui me ramènent à une époque stéphanoise lointaine. Se sentir solidaire, dans cette fatigue, entre le point Aznavour et le point Dalida. Avoir mal aux mains et aux avant-bras à force de tapoter sur des touches. Rire des petites bêtises. Ne pas s'endormir, exténués. 


Plus tard, les brins d'herbes chatouillent les jambes, et créent un reflet sur mon pied, juste au dessus de la grande morsure de rose. Les mots se déplient, entre les silences. Tout pèse son juste poids, tout est reçu et entendu. Des tracteurs, quelques familles, des promeneurs avec leur chien. Du passage et nous restons près du tronc couché, pas immuables mais d'une certaine manière stables. L'enthousiasme. Les confidences, the confidence. Les étoiles, le chaos, et les lianes qui les attrapent au lasso : constellations. Des nombres, des noms qui lient nos vies, qui font des formes sur nos crânes et reflètent les complicités. Les fourmis pendant ce temps s'activent dans un désordre feint. Elles escaladent les bras, les jambes, les sacs du pique-nique, silencieusement. Les idées, les projets, suivent ce fourmillement. Un papillon, une coccinelle. Antigone veille encore au dessus de nos têtes, au dessus de nos refus, à l'oreille de nos aspirations. Et le silence. Et le silence. L'essentiel nous croise, nous tricote sans fin. Tout est une étape d'une très longue conversation entamée il y a environ huit ans. L'heure a passé, le temps a glissé sans nous déranger. Reste au soir, la lumière sur le forêt, et nos voix dans la voiture. Pleines encore de ce moment multiple. Au revoir, et qui sait, à demain...