mardi 21 décembre 2010

Tessons et cailloux #4

Pleins de jolis cailloux dans mes poches ces derniers temps et des tessons pour réfracter la lumière à foison.
La ville n'est pas la même avec des copains pas vus depuis longtemps, avec des lumières, avec des rencontres. Avec un muscat.
La ville n'est pas la même quand on commence à connaître un peu les gens avec qui on bosse, quand on peut boire un verre, quand on connait les noms, qu'ils connaissent le notre et qu'on a l'impression de se défaire d'une vieille malédiction.
La ville n'est pas la même quand on fête un anniversaire sous un coulis de Korma vert et des bougies pas faites pour ça. Time's up tard, beau dommages.
La ville n'est pas la même quand un ami pas vu depuis longtemps revient. Quand on retourne au cinéma d'avant tous les quatre. Quand elle fait sa tarte au citron et qu'on finit ensemble la bouteille d'hydromel que P. m'a offert un jour où je ne m'y attendais pas.
La ville n'est pas la même.
C'est encore la faute des cailloux. La chance aux cailloux.

mercredi 15 décembre 2010

Jump around

Sautillements, bonds, jambes élastiques et bouche au moins autant. Envie de sauter partout. je n'adhère pas franchement aux paroles de la chanson d'House of Pain, mais j'ai l'humeur "jumping" ces derniers temps. Un morceau des Babyshambles, la B.O. de chat Noir Chat Blanc, tout est prétexte à danser ou sauter. Jump Jump Jump. l'anglais me parait plus propices aux bonds. Il a cette petite texture elastique et tonique qui donne envie de crier "oh yeah !"
Bref. 

A coups de woohoo, à coup de rencontres, à coups de cœurs, à coups de sang, de sensations, a gros coups de vent... 

"Now, shall I give you a thimble ?" asked Peter at some point. 
I don't know why, it helped one way or the other. 

Bref. 

Ah oui, quelqu'un a parlé de la voix aujourd'hui. Moi j'ai parlé de silence. Et puis Joyce, et puis Beckett, et Dublin dans ta face. La charmille venteuse qui me picore les yeux et les mains. La lettre à Ros' prête à partir. Celle pour Lucie aussi. Presque. 

Je n'ai pas retouché aux boutons qui attendent dans le sac noir. Depuis plusieurs mois. Je ne sais pas ce que ça veut dire. 

J'avais oublié aussi, puisqu'on est sur la toile, quelques fils à tirer vous attendent sur le côté.


jeudi 9 décembre 2010

La Rapporteuse # 3 mais pas que... Crépitements

"Quand vous me rendrez visite
  Oh, n'arrivez pas trop vite
  De votre pays si loin
  S'il vous plait, quoiqu'il arrive
  Mon ami de l'autre rive
  Surtout prévenez moi bien
  Annoncez votre venue
  Il faut que je m'habitue
  A l'idée de vous revoir
  C'est si bon de reconnaître
  L'écriture sur la lettre
  Que l'on vient de recevoir
  C'est si doux de la relire
  De la respirer, de rire
  En tournant dans la maison
  Et s'asseoir soudain plus calme
  Pour approcher de la flamme
  Ses ailes de papillon
  Je regarde la fenêtre
  Où vous allez apparaître
  J'y cogne comme un oiseau
  Un bruit de pas qui approchent
  Et soudain contre la cloche
  Vos trois coups comme un cadeau
  Tout cela que j'imagine
  C'est un ruisseau qui chemine
  Dans le désordre du coeur
  Permettez que j'en profite
  Après tout ira si vite
  Quand viendront le jour et l'heure
  S'il voue plaît quoi qu'il arrive
  Mon ami de l'autre rive
  Surtout prévenez-moi bien
  Non, n'arrivez pas trop vite
  Quand vous me rendrez
visite
  De votre pays si loin"



Cette chanson de Michèle Bernard me trottine dans la tête alors que j'ai envie de battre des mains, des pieds. Peut-être même de ma laisser aller à un petit cri aigu de fille. hiiiiiiii. 
L'attente. 

Joyeuse.
J'aime les surprises, ne vous y trompez pas. Mais sentir venir la joie des retrouvailles, l'impatience, et me coucher le sourire aux lèvres en pensant "ça y est, c'est demain"... c'est... hiiiiiiiiiiii.

mercredi 8 décembre 2010

Vers minuit trois

C'est quand la fatigue a tout emporté, quand il n'y a plus que le rythme qui puisse toucher le corps. Quand plus rien n'atteint la logique que le battement reprend le dessus. Que je n'ai plus le choix, je n'ai plus la force de poser, d'embellir. Plus même l'envie d'être jolie. 

Quand je sais que je suis fatiguée qu'il ne me reste plus qu'à tourner, qu'à danser, dans le désordre le plus complet. Quelque chose sort alors, et je me dis que je ne veux jamais m'épuiser, me lasser d'être fatiguée. 


Il y a surement une vie où - êtes-vous vraiment étonnés ? - je fais du rap et je kiffe ça.

(sourire)

lundi 6 décembre 2010

Dans la poussière #2

Je triche un peu parce que celui là, il n'a pas eu le temps de prendre la poussière, c'est un bout de mon NaNo, mal tricoté, comme une trace d'un moment important. une réponse aussi peut-être à l'impossibilité de finir... Voici un peu des Pià.


"Un peu plus tard, son corps glisse dans l'eau. Et les gestes s'enchainent. Il faut retrouver le souffle particulier à l'effort, aux poumons hors de l'air. Les pensées se répandent dans le bassin et la tête en silence semble comme allégée. Il n'y a plus qu'un corps, présent, qui se tend, encore. Et des gouttes sur les cils avec l'odeur du chlore. Les nuages sous ses paupières vont se planquer quelque part, ne pas être rongés. Les cieux sont dégagés, dans la soirée. Le coucher de sommeil sera rose et léger. En rentrant sac à dos, muscles au repos, et des cheveux à peine humides, Pià ne résiste pas à l'envie de l'arbre et s'arrête un moment. « Et maintenant, quoi ? ». Et maintenant moi. Oui bon, c'était facile, pas très gracile. Mais n'empêche, c'était loin d'être évident, trouver un moi au fond des mots de Pià. Elle ne pensait qu'à elle mais tout était toujours éparpillé, partagé. Les coutures des trois petites lettres de « moi » ne tenaient pas sous la pression et il fallait chaque fois de longs mois. Reprendre, repriser, recoudre une voix à soi. Ne pas se perdre entre le français et l'anglais, isn't it. Concilier, se rapprocher. Dans sa tête comme le font les très jeunes enfant, elle s'appelait parfois « Pià ». Se regarder de loin, un peu curieuse, pour voir ce qui tenait sous trois lettres, trois autres lettres un peu moins précises que « moi ». Nous l'avons déjà dit, Pià déborde, Pià est trop, en trop, par trois fois trop de... de quoi ? Alors quand elle arrivait à dire « moi » avec conviction, avec la sensation de tenir tout entière dans si peu elle savait que ça allait. Chez elle, c'était le court qui en disait le plus long. Toujours. C'était la seule constante : réussir à se resserrer, sans se réduire, être un tissu un peu plus solide. Il y avait des mailles manquées chez Pià. Des bouts de corde qui ne collaient pas."

mercredi 1 décembre 2010

Bouquets de nerfs

Je voudrais pas me baigner dans des eaux trop fragiles, largement répétées, glosées et mal hommag-inées. Je voudrais pas mais il faut quand même quelques mots parce que. Oh Marlène, les cœurs saignent, Lotita nie en bloc, mais Marlène, dans tes veines... et nous là au milieu, on se sent un peu con. On avait beau le voir venir de loin, c'est un peu triste quand même. Plus de noirs désirs pour éclater les scènes française. Je n'étais pas une "fan", j'étais même pas une femme quand j'y ai mis ma truffe et mes oreilles. Mais, oserais-je le dire, il y a des chansons qui ont changé la donne. Il y avait dans les chansons de Noir Dez, toute la rage dont j'étais -je suis ?- à la fois capable et incapable.. Pyromane à temps perdu, "ah que vive le feu vive le vent", ai-je écrit il y a longtemps, de ce milieu étrange entre comptine enfantine et punk beru sans éosine. J'ai offert des tonnes de bouquets pleins de nerfs, immangeables, avec les meilleurs intentions du monde. Des mots mal mâchés, des larmes mal séchées. J'étais en sang, en chair sous ma peau peureuse, sous mes pleins airs timides. Les flammes n'ont pas quittés les bougies. Tant pis. Il reste des airs de fête et des adieux flétris. Il reste des chansons collées au coin de l'oeil, qui ont tournées en boucle et s'en trouvent cloutées. Pas en deuil, non. S'il arrive qu'Alice vienne me visiter du fond de mes échymoses, je saurai la recevoir... Il restera comme une clef un nom de femme qui ne cessera de m'habiter... "Ernestine, j'en ai connu des comme toi. Un peu plus fine. Un peu moins sures de leur loi..."

dimanche 28 novembre 2010

Narguer-Novembre-Wriller la-Motivation

Na No Wri Mo

Loin derrière les zéros qu'il faudrait au compteur
Et la légereté des plumes du conteur
Tout est bien imparfait

Tout est un peu raté
A peine brûlé

Mais il y a eu des lettres et des pages
Des murs sans images
Qui se dressaient ravis.

Mais le sourire aux dents
Et l'envie, en mordant,
De faire quoi qu'il en coute

Quelques pas sur la route

jeudi 25 novembre 2010

La Rapporteuse #2

"[...] aller jusqu'au bout de mes déchirements, jusqu'à leur tendresse."

"Il faut s'habituer à finir plus sans finir. ce n'est pas facile."



Nicolas De Staël
Lettre à J. Dubourg

samedi 13 novembre 2010

Tessons et cailloux #2

La carpe farcie pêchée par le frérot fumait dans les assiettes des amis, et la courge au bleu, et la tatin aux poires. Les discussions de bon train, chaleureuses, taquines, parfois un peu comptoir.
Le silence du film Miel (Bal), le regard de l'enfant tendu vers l'épingle rouge, les mots qui peinent à sortir et qui boutonnent quelque chose de la gorge au nombril. L'eau chaude au citron, les florentins et la chaleur qui s'ensuivirent, à discuter très tard. La perspective de remettre ça en fin de semaine prochaine.
Les framboises et les tomates attendaient, au bout de leur branche, dans le jardin d'automne. La lumière de l'atelier à la tombée de la nuit aux allures de serre labyrinthique.
N'avoir rien à faire d'autre que ce que l'envie fait fleurir sur les lèvres, sentir un peu la sève et les boutons de terre. J'avais oublié comment c'était.

Fin de semaine, quelques peines mais des cailloux si chamarrés.

vendredi 12 novembre 2010

Et les cons courent...

On n'arrête pas de nous faire marcher. On nous fait croire que et puis non. Quand les concours arrivent toute bienveillance est violemment balayée. L'absurde se révèle dans sa misérable grandeur, son aberrante puissance et il faut continuer. Il faut faire comme si on trouvait ça de "bonne guerre". "Bonne guerre" ? Ahahaha. Encore une mission pour le héro'rdinaire. Faire tout est n'importe quoi.  Accepter de marcher. On l'a tous fait parce qu'on a, au fond, pas le choix. Le choix entre la perte et le "tu courras". Difficile de marcher tranquille, de garder son souffle et de faire les choses avec intérêt et conviction. Il y a tellement de gens qui courent, autour.

mardi 2 novembre 2010

La Rapporteuse #1

Parce que y'a tellement de choses que d'autres ont dit, écrit, crié bien mieux que moi, j'ai envie de me faire ma rapporteuse...
Revu La Haine de Matthieu Kassovitz :


"C'est l'histoire d'une société qui tombe et qui au fur et à mesure de sa chute se répète sans cesse pour se rassurer : "Jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien..."  L'important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage."

Tessons et Cailloux #1

Recommencer la semaine avec une semaine de retard, pleins de cailloux-coquillages dans la poche et des tessons pour refracter la lumière du jour. 
Belle fin de semaine, à peine plus loin qu'ici, au bout des pieds du train; Le sourire sur le quai est tellement large que même dans cette ville presqu'inconnue, j'ai l'impression de rentrer à la maison. Les jours et soirs qui s'ensuivent en vrac sont comme des gourmandises. Un goût de ville de nuit, de mots par dizaines et de rires tout autant. Des rencontres fugaces et plaisantes. Le picotement de la chartreuse, le même que celui de devoir partir pour affronter la semaine à venir. La force de la chartreuse, la même que celle donnée par ces douces heures. 
Et puis quand l'allemand a remplacé le japonais, quand des papilles engraissées se sourient devant les "tendres ailes" panées, quand il suffit d'un "knock knock knock Penny - knock knock knock Penny- knock knock knock Penny", se dire qu'entre ces deux week-end je trouve une belle place et que la ville grise me reverra bientôt. Il y a des complicités trop précieuses ici pour risquer de passer à côté.

vendredi 29 octobre 2010

Dans la poussière #1 : De la vitesse

Dans la poussière, ce sont les vieux fragments jamais sortis de l'ordi ou des carnets, qui datent un peu, sur lesquels j'ai envie de souffler. Celui qui suit date d'il y a 3 ans... et des poussières. C'est un peu facile, mais je ne savais pas encore (consciemment du moins) que je me consacrerais plus tard à l'interstice justement... la continuité me fascine !

"Y’a des journées comme ça… « quand plus rien ne va que tout ne va pas… ». Des journées de peu, de presque rien, de beaucoup trop. Lassitude sans vagues, quelques coups de cœur fanés. Empilement, compilation, emboîtement de tout ce qui n’est pas. Trop de pas assez. On se fait des bleus à chaque pas. Rabâche « avancer coûte que coûte », « le spectacle doit continuer », et toute cette sagesse héroïque, acharnée, gagnante, masochiste, et complètement meurtrissante pour le commun de mortels… Cette morale esclavagiste du hér'ordinaire, qui avance sans s’arrêter… Même plus le droit de regarder le paysage… Même plus le temps de choisir sa voie.  « Circulez, il n’y a rien à voir. » On s’autoroute, toujours, peur du blanc, du silence, de l’échec, de la pause, de la chute, de la lenteur. Pris au siège d’une ture lancée à pleine vitesse, on menace celui qui ralentit de briser le système, de créer l’accident, d’exploser littéralement. Alors dans le manque de souffle on arrête, on s'en veut d'avoir un point de côté, de criser, de se poser (par terre, des questions, en tortue…). Remord incessant du paresseux, du sensible, du lent, du curieux, du danseur, du contemplateur, bref de toutes ces espèces anti-efficaces. Tégévétisés, de la tête aux roues, combien de temps encore pourra-t-on tenir les cadences ?"

A lire à l'occasion : 
Robert Louis Stevenson, Une Apologie des oisifs, Allia 
Bertrand Russel, Eloge de l'oisiveté, Allia

samedi 23 octobre 2010

Les choses graves

Il y a beaucoup de choses "graves" à évoquer ces jours. Qu'est-ce qui est "grave" ? Quelle échelle faire de la "gravité" ? Le grave serait ce qui touche, ce qui tombe si bas, quelque part dans le ventre, quelque chose que le corps entendrait avant nos oreilles, notre cerveau, notre raison. Quelque chose entre le cœur et l'estomac, qui vibre. Comme ce qu'on attribue aux sons graves. Les choses graves peuvent alors être joyeuses, douloureuses, dégoutantes, puissantes : elles résonnent ailleurs. Le ton des deuils, des catastrophes et des amants sur le point de se trouver. Les choses graves conservent leur statut de "grave" quand le cerveau ayant pris possession de l'information se dit que le corps avait raison dans sa réaction première. Quand réaction et réflexion, ensembles, prennent la mesure de la situation et se confortent, et s'encouragent, et s'amplifient. Les choses "graves" ont du poids. Si bien que tout autour parait babil et volage, parait s'envoler vers des cieux ridicules tandis que le grave nous colle à la grève, sous les cailloux le sable, la terre et la table.
Oui il y a des choses graves à évoquer ces jours. Des choses si graves que je n'ai pas les mots, juste les vibrations. Des prisons à ciel ouvert, des fumées dans la gorge, et des bâtons qui volent. Pardonnez moi alors, de ne pas les détailler ici. Terriblement besoin de légèreté, de petits sauts aigus et futiles, un peu égocentriques. De savoir qu'il y autre chose, à côté du grave. Qu'il y a quelque chose d'autre que nos "bouquets de nerfs".

mercredi 20 octobre 2010

Sur la voix...

E pericoloso sporgersi... Se pencher sur sa voix... la travailler, la creuser la sculpter. Dangereux, parce que c'est parfois le meilleur moyen de la perdre, sa voix, de dérailler. Aujourd'hui je travaillais sur des chansons minuscules qui sont rependues sur le carnet, et qui vont partir direction l'Espagne bientôt. Je voulais en faire un truc, leur donner une voix autre que celle des déliés de la cartouche bleue. Envoyer peut-être un bout de cd avec le carnet, pour que notre dialogue musical s'enrichisse encore. Mais la voix ne sort pas comme je voudrais, je n'arrive pas à trouver la "petite musique", l'air profond de chaque chanson. 
Non, en fait, c'est pas ça... ces airs, je les ai plus ou moins mais j'ai du mal a les entendre. L'impression que c'est toujours la même, cette voie de la voix, et je voudrais lui donner d'autres inflexions, d'autres accents, d'autres articulations. Arriver à glisser différents entre les consonnes, réorganiser mon discours musical. Arrêter de penser "désuète", ce mot qui s'est agrafé à tout ce qui sort de moi. Arriver à jointurer mon percucorps à cette voix qui manque de dynamisme. Mais ça marche pas, je ne danse pas comme je chante. Impossible de travestir ma voix sous peine de la perdre, de la voir se barrer dans le faux... Faux, semblant, pale imitation d'alors... La peur du chant aigu, pointu, un peu vieillot. Lyrique. C'est le bat qui blase et qui délaisse. Lyrique malgré moi. Lyrique refoulée, oiseau-livre plus que lyre, c'est pas dans mes cordes ces refrains là. 
Alors il suffit de se taire un peu et de monter la note, dans le calme de l'appartement "En septembre je suis trop douce". De sourire du constat, de pâlir dans l'effroi d'être déjà octobre, de mourir de la voix et d'écouter l'équation impossible que d'autres voix ont déchiffré.  "Mon frère arrive d'Angleterre au train de quatre heure et demi..."

samedi 16 octobre 2010

A la rue... bis

Il y avait du monde dans la rue, dans les rues aux noms bien connus. Les trajets sont peu ou proue toujours les mêmes. C'était une drôle de solitude que la mienne, perdue au milieu de tout le monde. Pas que je sois une nouvelle venue sur le pavé, loin de là. Mais le pavé sans les copains à côté... La fougue m'a passé, la colère et l'urgence que je ressens si intimement s'expriment par le silence dans lequel résonnent mes pas. Un peu de scepticisme aussi peut-être. Combien de fois avons nous été là dehors, sous le soleil ou la pluie, à chanter ou à tchatcher... Je me demande quelle voix on a, tous, à crier comme ça. J'essaye d'imaginer ce que serait une manifestation silencieuse, un genre de cortège funèbre. Je veux dire, vraiment silencieuse. Ce serait difficile à tenir, mais comme ce serait plus impressionnant, assourdissant même, beaucoup plus peut-être que les slogans mal jetés dans les mégaphones grésillant. Mais ce n'est qu'un hypothèse. L'hypothèse que ce qui compte, ce sont tous ces corps, ensemble, en marche vers quelque chose. C'est l'éclatante présence, la résonance du pas sur la route, les voitures à l'arrêt, l'envie de dire "je suis là, nous sommes là, on est là.".

J'ai toujours cru qu'il fallait un certain bon sens, voire même un sens de l'orientation pour être paumé, pour être encore à la rue. Mais après ? 

Le coup dur c'était de voir, en partant, qu'il y avait presque autant de monde dans les rues alentours que dans le cortège. Des centaines de gens pour magasiner. Des centaines de carte bleues, et de sac en plastique. Les samedis en ville sont si tristes et si prévisibles...

vendredi 15 octobre 2010

A la rue...

Longtemps j'ai décidé de changer d'itinéraire tous les jours ou presque et puis on a beau s'acharner, il y a des rues qu'on prend tous les jours ou presque, des rues qui disent "tu es bientôt arrivée", des lieux familiers. Des rues devenues intimes, même pour les boulevards. La rue pour aller chercher le pain, celle pour aller prendre un vélo, le pont en face de chez moi, la ruelle qui mène au marché, celle qui mène au metro. 
Ces rues me sont familières, un peu usées, proches, et pourtant étrangères : je n'en connais pas le nom. Parfois je regarde, ou au moins je me dis que je vais regarder, mais j'oublie. J'oublie de regarder ou j'oublie le nom. Ces rues ont un genre de dénomination-sensationnelle, une représentation émotive précise, mais pas de nom, pas de mot. Pourtant, habiter rue d'Elise ou place Jaurès cela n'a rien à voir. Le nom des rues ça compte. Pas pour toutes, pas pour ces rues que je non-nomme de mes impressions. Alors c'est pas grave. Je perdrai d'autres noms. 

Je n'arrive plus à me rappeler du numéro de la maison à Olivemount... Un jour je vous raconterai moi et les nombres. Mais celui là me manque, me blesse, j'aurais bien aimé le garder... Il faut savoir se départir - partir.

mercredi 6 octobre 2010

Je m'en lave les mains...

     De la menterie dans les oreilles et des aveux à pleine voix. "Menteur", "La Menteuse" et "Je mens", pièces qui s'enfilent sur la même corde. On en revient toujours aux topiques, pas si tristes topiques... Masques et théâtre du monde, représentation, bal sociétal et rôle pas toujours drôle. L'étrange impression de saisir un peu de la "petite musique" de l'époque, d'un courant. De mettre des fils sur l'impression d'homogénéité . C'est quand même cocasse, cette variété dont on a fait un lieu commun... On parle de la même chose. Quelle variété ?  Celle des masques, peut-être, le choix d'y mettre les formes. Le choix d'un haut de forme ou d'un loup vénitien. D'en rire, de s'en foutre, de convoquer Brad Pitt, un amoureux transis ou encore un paumé. D'en faire son truc à soi, même quand c'est la télé qui parle dans notre bouche. Et c'est bien la seule réussite qui nous tienne, peut-être, avoir un semblant de truc à soi, des mots bien mâchés, à notre goût léchés. Une petite recherche sur deezer m'abreuve de références... tout le monde a donc écrit sur ses petits bobards. Le drame personnel, la honte intime, ce que je fais pour mentir, m'en tirer, finalement. La tension entre ce que je dois être et ce que je suis, ce dont je ne sais rien... Oui mais, le droit de le dire, de se mettre à nue, ou bien de faire semblant... Finalement, en disant que je mens, je me donne le luxe d'être honnête... Et le mensonge, celui qu'on pratique et puis qu'on avoue, celui qu'on partage, se retrouve encore une fois au pilori du "c'est maaaal" qu'on bêle à qui mieux mieux, parce qu'on vaut tellement mieux. Retours de confessions...
     Alors j'ai envie de ne rien vous dire de la véracité de mes propos ; vous ne saurez pas si je mens, si je ne mens pas... Je veux garder cela pour moi. Garder dans ce partage, le droit d'avoir recours aux fictions que je veux comme aux vérités qui me fondent, le droit de ne jamais soulever le voile d'Isis. Le droit d'être menterie, menthe, démente, ou coquetterie. Le choix du masque et de la plume. 
     Toute ma tendresse pour le morceau d'Alain Bashung qui chante "Je mens" et qui continue de broder... Quel délicatesse... "La nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine... La nuit je mens, je m'en lave les mains..."

lundi 4 octobre 2010

"Souris" à la vie...

En ce moment il y a des pattes innombrables dans les murs et la peur enfantine des doigts de pieds chatouillés à l'heure du sommeil. La peur primaire, celle d'être envahie, d'être grignotée, de subir l'ouverture de la chambre. Qu'il est difficile de tenir, de bien se tenir. Je cède si vite au massacre, aux claps de fin en fer "Lucifer", aux anticoagulants agglutinés dans les recoins. Et la douloureuse conscience d'abréger une vie est vite dépassée par la certitude de recommencer à dormir. Le prix de la tranquillité est-il acceptable ? Comment apprendre à vivre sans la peur de l'infection, de cet autre inconnu qui ne sait pas parler. Je constate avec horreur que je suis une enfant de mon siècle, prête à empoisonner, à sacrifier quelques rongeurs sur l'autel du sanitaire, du propre, du sommeil. Je me demande, du coup, s'il m'arrive de me réveiller...

mardi 28 septembre 2010

A Nos Nims !

Chers damoiseaux, chères dames-oiselles,

Il y avait le besoin de la pierre à encre, l'envie de débris à exposer au soleil pour un peu plus de couleurs, la curiosité de l'espace public où statuer, le désir de sculpter des ruisseaux impossibles. Alors tessons-nous, prenons de la bouteille, écoutons le silence des bribes du quotidiens, le bruit des petites choses qui roulent entre les doigts. Encrons-nous, ancrons nous, sans peur des rugosités karstiques, sans mépris des terres friables qui nous portent... Je suis de pierre, pas trop précieuse. Je suis de terre, jamais promise. Je suis là, je vous écris... m'entendrez-vous ?