dimanche 19 février 2012

Dimanche matin

Alors que je travaille sur ms copies, en ce dimanche midi aux airs de dimanche matin, j'entends mes parents et leurs amis, avec la guitare, dans le salon, en train de chanter du Brassens et de parler de plantes. 
Aller-retour au ski, aux soirées en nombre, aux yeux qui crépitent devant les flammes, à ces moments de retrouvailles qui ont toujours été des petites fêtes, aux liens qui ne se distendent ni avec le temps ni avec la distance.
Les chats font pas des chiens, me dis-je en pensant à tous ceux qui sont éparpillés et que je me fais une joie de retrouver de temps en temps, les copains des parents, leurs enfants, les copains du frangin, et les miens, les gens au bout des routes et des trains, avec qui j'ai envie de chanter ou de cuisiner. 
Les chats font pas des chiens, un élan de tendresse et une larme écrasée.

samedi 18 février 2012

Le goût du halwa

Y'a des soirs où tout fait sens, le halwa et les tangos de Piazzolla, le korma et les yeux noirs, Dancer in the dark et les masques bleus.
Je me souviens du concert de Tchavolo à la croix rousse,
Je me souviens des claquements de doigts
Je me souviens du resto indien en rentrant de la gay pride
Je me souviens du oud du kebab à côté de la prépa
Je me souviens des Yeux Noirs sous la toile, tassés dans la sciure de bois et le ventre aux cieux
Je me souviens de mes yeux collés et de l'hésitation à prendre sa main
Je me souviens du paquet de café et des sourires de Geai, chez Bobin
Je me souviens des spectacles de la compagnie de l'Autre Désir, je me souviendrai de leur Citadelle
Je me souviens de l'accordéon de Paccoud
Je me souviens d'un concert des Ogres au Hall C quand j'étais ado
Je me souviens d'avoir tremblé contre le radiateur
Je me souviens d'avoir écouté en boucle certains albums
Je me souviens des paroles de la chanson I've seen it all qui me surprend pourtant à chaque fois
Je me souviens de la couleur des lampadaires posés contre la nuit ce soir là
Je me souviens de cette pluie suffocante
Je me souviens de la première lecture de Terraqué
Je me souviens d'être allée voir L'Auberge Espagnole avec ma mère et Avril avec Steph
Je me souviens de Bird Avenue
Je me souviens de mon tout premier cours
Je me souviens du jour où j'ai lu Peter Pan
Je me souviens de ces moments où je rêvais d'invisibilité au collège
Je me souviens du lion de Cléopatre, hurlé sur les télésièges
Je me souviens de la sortie du C.D.I, de mon rire gêné
Je me souviens du jour où j'ai menti en disant que j'avais bien dormi
Je me souviens du jour où j'ai vu L'Homme de sa vie, où j'ai vu Milk, où j'ai vu Tomboy. Et ça parle tellement de ces trois périodes.
Je me souviens de sa douceur alors que de mon bras coulait une hémoglobine truquée
Je me souviens des amarres rompues
Je me souviens de mon premier slow.
Je me souviens des tarentelles
Je me souviens de l'écart sur la photo
Je me souviens des Postsecret que j'ai fabriqué et que je n'ai pas envoyé. Je me souviens du dernier.
Je me souviens de la lumière entre les feuille. Ce jour là, cet autre, et ce dernier. 
Je me souviens de ses chatouilles
Je ne me souviens pas de l'impression que j'ai eu en te rencontrant la première fois
Je me souviens de Seydou
Je me souviens d'avoir hurlé dans la voiture, seule, d'un cri fauve et excédé
Je me souviens de toutes les fois où j'ai réalisé que je devenais autonome, responsable de moi, de mes joies et douleurs
Je me souviens de La Complainte du phoque en Alaska
Je me souviens des histoires de regard, de danse, de couleur, de mots, de peau, d'enfance.
Et me voilà. Là. Ce soir, à la croisée de tout ça. Qui continue de s'éclairer.

vendredi 10 février 2012

Heartbeats # 2 Tango barrocco

"Angel y demonio" est un spectacle de Leonardo Alarcon Garcia présenté deux années de suite au festival d'Ambronay. Là-bas, Piazzolla croise Monteverdi.
C'était un moment vibrant. Un des spectacles programmés à Ambronay qui m'a le plus marqué (n'en déplaise aux puristes). En y repensant, j'ai eu envie de vous proposer un peu de tango et de baroque, pour la joie. Pour la danse. 


Le Lamento della ninfa, par lequel je suis revenu à Monteverdi.
L'Arpeggiatta, le lycée, K. m'avait pris par le bras pour aller écouter des tarentelles.


 
Libertango, de Piazzolla. Mue de l'intérieur. Toute la vie raconté par un accordéon. (et dans la playlist à droite, une version de Rodrigo y Gabriela, des guitaristes découverts lors de mon tout premier voyage en Irlande)



 
Dido. Aeneas. 

Et un petit bonus : la scène de Tango de L'Homme de sa vie (Zabou Breitman). Un film-ébranlement vu dans la solitude délicieuse d'un matin stéphanois. Un dialogue qui ressemble à celui qui se tisse, se tissait dans ma tête. Des hésitations, des sens multiples et ouverts.

Voilà.

Je vais montagner
Douce fin de semaine.

mercredi 8 février 2012

Epapillée

Le mot que je cherchais m'a sauté aux yeux dans une copie de brevet blanc. 
Je suis épapillée
C'est un peu comme les bêtises de Cambrai, cette histoire là. Un(e) collégien(ne) fait une faute anodine, un simple oubli. Un petit R, à coincer entre deux lettres et rien n'y aurait paru. D'ailleurs, s'il n'était pas si tard et si ce n'était pas moi derrière la plume, cette erreur, ce flottement n'aurait été qu'un brin de rouge en plus sous les vagues de bleu. 
Mais la poésie a cela de merveilleux qu'elle nous surprend dans les lieux qui - pardonnez moi de le dire - en semblent de prime abord totalement dépourvus.
Epapillée.
C'est bien ça, ce genre d'absence qui me prend parfois. Ce découragement, cette ablation du goût, de l'envie. Un épapillement.
Je garde. Dans une besace au fond de la gorge où palpite encore ce soir quelques papilles pour goûter le jeu de mots. Où palpitent quelques rares papillons encore là, fatigués mais résistants, babillant de leurs froissements des courages essentiels.
Deux copies plus loin, il y a eu le sentiment d'être malhalaise. Si si, comme je vous l'écris. Il faut le dire vite, l'écrire tout serré. Mettre un H, comme si cette histoire d'aise avait un rapport avec, je ne sais pas, l'haleine. Comme si cette hache faisait bloc pour essayer de trancher dans l'angoisse et l'anxiété. 

Le texte sur lequel s'appuyait ce sujet était tiré de La Petite Chartreuse de Péju, un des livres reçus lors d'une de ces chaînes assez folles. Dublin, tout ça. La vie qui se reboucle encore une fois. 
Et deux nouveaux mots pour ma langue, pour la votre aussi peut-être ?

jeudi 2 février 2012

9999

Au kilomètre 9999.
Je suis au kilomètre 9999.
Vous ne me croirez peut-être pas. J'aurais du prendre une photo. C'était là, dans la nuit. Il y avait un mail de V.  qui attendait d'être lu, des envies de théâtre qui attendaient d'être vues, des désirs, des regrets. Quand on arrive aux dernières marches on se demande toujours si on est arrivé au bout ou si on repart pour un tour. Hier, devant le fondant au chocolat du café Charbon, je me suis mise à sourire en me disant que ça irait. "C'est pas passé loin", dirait Dewey. Il faudra attendre encore un peu pour lui piquer ce "ouiiiiiiii" magique, enthousiaste, dont la simple pensée me fait rire. Mais je recommence à croire que ça viendra. Mieux. Je recommence à avoir envie que ça revienne.
Je suis au kilomètre 9999.
Il y en a d'autres qui m'attendent.