mardi 27 décembre 2011

Lunes







Lunatique pendule
Qui balance mon ventre
Qui déferle et retire

L'élan
Ses battements

Son poul qui tambourine
Contre la tempe aimée

Ce Nombril oublié
Pour un autre poignet

Lunatique pendule
Chavirée et ouverte

Lunatique pendule
Béante
Abandonnée

mardi 20 décembre 2011

Quelques notes de passage

(The tin can parade - Your hand in mine)
Ma semaine finit un mardi, avec ce retour à la solitude, après que tous soient progressivement arrivés puis progressivement repartis. Entre ces deux moments, il y a d’innombrables galets à prendre dans ses mains. Des trains, des voitures, des lumières qui s'éteignent à 11h, de la buée quand on parle, des paysages de nuits invisibles et pourtant superbes, des repas, des chants plus ou moins bien plaqués, des jeux (de mains, de mots, de regard, de notes), un marché, des échanges, des railleries, des expérimentations culinaires, de la nourriture indienne, des hospices, de la pluie, des pas, de la neige, un frigo, des matelas dégonflés, un plafond auquel s'accrocher, du franglais, de la poésie, du végétarisme, des embrassades. Dans le désordre, bien sur. Et c'était bien.

(Dark stuff - Yann Tiersen)
L'accordéon m'a rappelé à l'ordre, lors de cette belle journée avec L. et T.. Mais il fallait cette intimité des choses trop fragiles pour que je puisse déjà les partager. Alors à la solitude, je l'ai repris dans mes bras, serré un peu fort, et j'ai laissé mes doigts le ré-apprivoiser tout doucement. J'ai effleuré ses boutons, parfois les ai pressés. Mes mains ont couru pas toujours adroites, parfois un peu empressées ou gênées le long de ses vertèbres. Son poumon battait contre le mien, et son souffle cherchait un rythme entre mes bras. J'ai réappris à vouloir. 

(Le banquet - Camille)
Cette chanson me rappelle La Nuit de Valogne d'E.E. Schmitt. Et du coup, une discussion extraordinaire avec Lo. à Murcia alors qu'on allait chercher Celar au travail. Il ne parlait pas français, presque pas anglais, et moi pas un mot d'espagnol. Mais on s'est dit le théâtre, la ville et Dom Juan. Celar. Ce n'est pas son nom, mais les initiales ne suffisent pas toujours. Sa voix, ses sourires, son regard et ses bras. Celar est une autre raison d'aimer ces trêves hivernales. 

(Monochrome - Tiersen)
Je me glisse plus intimement dans la couleur. Maintenant que le regard sait s'étonner et voir, il faut travailler pour savoir créer ces longueurs d'onde sur la feuille. Cela viendra.

(Nobody's girl - Stéphane Lopez BO Poupoupidou)
Martine Langevin, Candice Lecoeur. Si loin. Mais n'est-ce qu'une illusion d'optique? Les histoires de silence, de neige, de complexes et de rêves un peu grands pour soi. Les histoires de solitude soutenues de rencontres, les histoires de désir. Ai-je dit "loin" ?

(Mon frère d'Angleterre - Bourvil)
Une des chansons les plus douloureuses que je connaisse, à cause justement de cette apparente simplicité, de cette grande pudeur. De cette humilité émue dont Bourvil a parfois le secret. Cette espèce de grace. Je revois le concert de Gérard Poinsard près de Lyon, l'accordéon encore, la famille, encore. Mon frère, et la douce Am. justement, ont eu avant de partir des mots si forts. Et la confiance grandit. 

 (Tout dit - Camille)
Ce n'est pas tout à fait vrai, j'ai encore dans ma besace quelques projets secrets, à terminer. 


(Les mots - B. Joyet)
"Gravés les bijoux les émaux et claqués les dernières thunes je sourirai à la fortune tant qu'il me restera les mots"
C'est lui qui a tout dit, le bougre.

lundi 19 décembre 2011

Tiempo y silencio

Une femme. Une femme aux pieds nus et au corps opulent. Une femme à la voix enveloppante, franche, douce et rugueuse à la fois. 
C'était au lycée. Je cherchais à comprendre toutes ces histoires d'être une femme, de le devenir. Par la négative souvent. Cesaria, ce fut une figure d'un féminin que je voulais bien devenir, pour une fois. Une indépendance, une forme de lourdeur empreinte de légèreté. Elle m'émeut si fort. Mais il faut bien mourir un jour. Reste la voix. La voie ?


vendredi 16 décembre 2011

Vacance(s)

Avant les vacances on a :
- bouclé des séquences, donné des devoirs, tenté des loup garou en 4e avec plus ou moins de succès, un jeu du dictionnaire avec les 5e, et un bout d' Alice au pays des merveilles avec les 6e.
- appris qu'un nouvel élève arrivera dans la classe de 5e, oui oui, la seule classe qui n'avais QUE 27 élèves et, resultat en janvier, deux classes à 28 et deux classes à 29. Chouette. (Méthode Coué activated)
- eu deux papillotes de la part de filles de sixième
- eu une lettre de la part de quelques 4e, les un-peu-relous-mais-en-fait-attendrissants, accompagnée d'un devoir de vacances sur le langage des jeunes où il faut décrypter un sms et écrire une suite : ils iront loin.
- admiré les cieux inimaginables et les verts trempés depuis la voiture en chantant du Bashung, car "aucun express nem'emmènera vers la félicité"...
- avancé dans ce projet ultime de cadeau.
- attendu ce soir avec la même impatience que les élèves, ^pas tout à fait pour les mêmes raisons.




Et maintenant, on respire, et on sourit.


"Quand vous me rendrez visite, n'arrivez pas trop vite de votre pays si loin...." chante Michèle Bernard. Je le sais, ils arrivent ce soir.

lundi 12 décembre 2011

Raide-action #1 - Fanta du roi

Les copies d'élèves c'est très TRES long à corriger en français. Mais c'est parfois très drôle. Les fautes sont d'origine, AOC garanti.


6ème, rédaction d'un conte merveilleux
"Ils furent heureux et buvent beaucoup de bières"

4e, écrire une suite à la première soirée mondaine et parisienne de Georges Duroy (Maupassant, XIXè siècle)
"Georges Duroy rentra chez lui en buvant du Fanta Orange qu'il trouva très bon. [...] Il se disa qu'il faudrai endurai sa tout les jours, avec toute ces persones très bien habillé. Il redescendit pour chercher fanta tropical".

"Le sergent accepta  cette offre car il avait beaucoup d'ambition il voulait devenir Roi de France et le sergent lui laissa la vie sauve. Une semaine après son arrestation, les éléctions aller bientôt commencer donc il alla s'inscrire et deux moi après il devena Roi de France. Le peuple était heureux d'avoir un roi avec autant d'ambition. Il était heureux d'être un Roi pour se faire d'orloter et manger à sa faim jusqu'à sa mort."

dimanche 11 décembre 2011

La Rapporteuse #9

"Je décolle souvent et voyage toujours pour voir si le lieu du leurre ne se confond pas avec celui de ma main.
Il faut pourtant y arriver, que ce soit sans hésitation là et pas ailleurs que cela se passe.
C'est si dur d'accepter l'abruti qui se trouve en soi, et comment faire sans lui ?"

Nicolas De Staël, lettre à René Char, Lagnes, 12 novembre 1953


samedi 10 décembre 2011

Tessons et cailloux #7

Une belle moisson de pierres pour cette nouvelle saison, et quelques tessons, aussi.
Les tessons ce sont les mots comme des lames qui déchiquètent le travail, cisèlent l'incompétence, écorchent les doutes, et plantent les envies, au pied du lit. Ce sont ces attitudes qui vous disent "on s'en fout", qui vous disent, "on ne veut pas". C'est la rage que je sens monter dans cet élève sans plus de mots, qui me fait face, tête baissée, alors que je sais tout ce qu'il pourrait être, et vivre. La crainte peut-être de sentir qu’il a sans le savoir le même secret que moi à son âge. C'est la fatigue qui me m'arrache à moi-même, à l'écriture. C'est ce bruit permanent du collège dans ma tête, cette dépossession.
Mais
Il y a ces miracles petits du quotidien, quand les cinquièmes s'y mettent, quand les 4e plongent avec Jean Valjean.  Les collègues bienveillants, et les fin de semaines me sauvent d'un exil social forcé.
Il suffit de : Courir, entre les parois du laser game, se faire avoir souvent, viser juste parfois.
Se dire que c'est chouette d'être dans une famille où soudain, on se met à chanter "Les gens" de Brel à table, ou bien du Dimey. D'être née dans une famille où on chante tout simplement. Parce que dans le chant, il y a un "ensemble" à nul autre pareil, une force commune qui répare et apaise. Dans les verres, un Montbazillac, et de la magie dans les assiettes.
Le collège bruisse d'un silence, le vendredi soir, et baigne dans un calme miraculeux qui n'existe à aucun autre moment. Les voix soudain résonnent, et c'est si rare.
En rentrant tard dans la nuit, je repasse par cet endroit qui de jour m'illumine. Cet espèce de plateau qui offre ses verts tendres, ses flots de ciels. Et c'est fou qu'à minuit, le ciel continue d'offrir une certaine lueur, comme une pointe de bleu au milieu du noir. Penser au Petit livre des couleurs, de Pastoureau. Il fait bon dans le village aux lumières éteintes, juste un gilet sur les épaules. Si les jambes ne cognaient pas si fort, j'irais me promener ! Il fait clair, pour décembre.