vendredi 18 février 2011

La Rapporteuse #5

"Soldat sans joie va, déguerpis // L'amour t'a faussé compagnie"

Bashung, "Fantaisie militaire" sur l'album du même nom.
Voilà, c'est un des albums de Bashung que je préfère, mais je n'avais jamais vraiment remarqué cette chanson. Et puis je l'ai réécoutée dans le train. Réécoutée encore.
Et la manière dont tout part après cette phrase est... pfffff mais pffff. Comment vous dire ?
Combien d'histoires d'amour ont commencé dans le train ?

samedi 12 février 2011

"L'enfance est un couteau planté dans la gorge"

"[...] On ne le retire pas facilement". Wajdi Mouawad

Je parle beaucoup de films et c'était pas prévu mais que voulez-vous, ils viennent me tirer par le cou, par la gorge, par la manche et le ventre.

Cet après-midi avec C. nous sommes allées voir Incendies, film de Denis Villeneuve, tiré de la pièce de Wajdi Mouawad. Je ne connaissais pas du tout. Du tout.

De la stupeur. Tout se ferme, le souffle est brisé. Les yeux, écarquillés, n'ont pas le temps de refuser les images.
Tout mon corps était tendu.
Lapiazée. 

Il est étrange, en vous écrivant, de constater que la chanson que j'écoute a pour refrain "What would your legacy be ?" Et que ça colle. Bref.

Au silence de la fin, j'ai l'impression de m'écrouler, de réaliser que mes muscles ont subi les 2h sans que j'en sois consciente. Alors les membres tremblent.
Tout se met à résonner. L'horreur. L'amour. Les cicatrices.
Sortir de l'étonnement profond est douloureux. Heureusement qu'elle est là et qu'on marche et qu'on parle. Il faut que le souffle revienne.

La fin de l'après-midi fut douce. 

C'est une de ces journées à plusieurs journées. Ce matin, je suis allée écouter JP Siméon et Yves Bonnefoy discuter à la fête du livre de Bron. Des voix. Une fugace rencontre. En attendant je lisais une interview miraculeuse, hystérisante de Jeanne Benameur. Vous ai-je déjà parlé des livres de Jeanne Benameur ?

En une journée j'ai l'impression d'avoir trouvé des clés, des ouvertures à des questions qui me squattent depuis un bail. Sur lesquelles j'avais tâtonné, préparé le terrain, huilé les serrures, mais qui s'ouvrent enfin clairement, entre Benameur, Bonnefoy et Incendies.

Incendies, avec la déchirante Lubna Azabal, l'héroïne d'Exils de... Gatlif.

Vous aussi vous avez l'impression qu'il y a des choses qui se bouclent et se croisent et s'entr'éclairent sans cesse ?

jeudi 10 février 2011

Du Boulot #2

Et voilà.

Mon premier cours.

34 élèves. Des incompréhensions. Une intro de séquence sur la poésie. . Le sentiment d'être incompétente. Mais cependant une bonne participation (de la part d'une poignée d'élèves.)

Epuisement

Larmes, j'avoue.
Allez, on recommence lundi. Ça ira.

Enfin, je crois...

mardi 8 février 2011

"M'en fout, j'marcherai pas"

Hier soir j'ai re-regardé Gadjo Dilo avec mon papa qui, lui, ne l'avait pas vu. C'était mon premier Gatlif. Il m'a brûlé la gorge autant que ma première vodka, pure. 
Je me rappelle avoir passé des mois à essayé d'acquérir la même manière de claquer des doigts que Sabina. Je me rappelle maintenant que c'est depuis ce temps là que je claque plus souvent des doigts que je ne tape dans mes mains. Le déhanché y a gagné lui aussi. La musique directement reliée à mon corps. Mes épaules et mes hanches sont malhabiles mais si mobiles. Fertiles.
Des années plus tard, j'ai vu Rona chanter, enceinte jusqu'aux dents dans sa robe colorée. Et encore après Tchavolo Schmitt. C'était... ailleurs. 
Michto !
Il y eut aussi Je suis née d'une cigogne. Et puis tous les autres. 
J'espère que le jour où je goûterai les pissenlits par la racine, il y aura quelqu'un pour verser de la vodka dans la terre, et chanter, et danser.


Allez, pour la route, la bonne route, deux extraits des moins célèbres néanmoins sublimes Vengo et Latcho Drom. Chant : La Caïta


# La Rapporteuse 4

"Qu'importe l'emplacement ! Partout l'humanité est en cause et ce cortège n'a pas de fin.
Dans chaque corps atteint tous les corps gémissent. Tous les corps sombres, rejetés par les forces aveugles, dans le même abîme."
Andrée Chedid, L'Artiste et autres nouvelles, "Mort au ralenti"

C'est dans ce recueil que je l'ai découverte, c'était en troisième. C'est S. qui me l'avait offert à la fin de l'atelier théâtre sur la Révolte. Beaucoup de gens et de choses sont parties depuis. Cette nouvelle, puis d'autres, puis des poèmes sont restés. Merci.

"Avec mon sang aux mille oiseaux
J'ai marché tout au long de la terre
J'ai renié le temps
J'ai su parler à l'étranger

Avec mon sang couleur de jour
J'ai dit oui à la mort et à son innocence
J'ai refusé la nuit."