jeudi 25 octobre 2012

Filles de taire

Chère mademoiselle,

Je vous écris du bout du temps
Du bout du monde, accessoirement
De ce confin , comme insulaire
Où je désert en ce moment.

Parce que j'entends la voix qui
M'est si familière, m'est si
Lointaine, autre, qui m'est si chère
Cela me serre, cela me suit

Je pensais à ces vieux tourments
A mes émois adolescents
A cette rencontre naguère
A l'atmosphère, aux belles gens

J'étais triste, un peu ahurie
Je logeais des poumons de suie
J'étais triste et j'étais sincère
La gémellaire au fond du puit

Et vous, vous aviez du talent
De la patience, tempérament.
De votre présence temporaire
S’aère mon phrasé ciment

A voix ouverte l'heure s'enfuit
Se dessinent les embellies
Résonnantes et printanières
Je m'affaire à bruisser d'envie

Croire et croître vers un avant
Au milieu des mots qui, dansant
Me fleurissent à la boutonnière
Que m’indiffèrent les passants.

Et voilà que je suis partie
Vers d'autres verres, vers d'eau de vie
C'est ce que font les filles de l'air
Les costumières qui s'enfuient

Vous avez quitté un moment
Après ce lieux de mes seize ans
Et les années font des misères
Aux pairs qu'on échappe dans le vent

J'envoie toujours mes mots-toupie
Jouer le monde à la bougie
Je vague baléinoptère
Ephémère atome qui sourit

Aucune pitié pour l'antan
Il s'est accroché si longtemps
Au cou du frêne centenaire
Si poussière, plus rien n'attend

Que cette pause boitillement
Sous l'aile légère des gréements
Pour vous saluer femme terre
Dans l'aire de nos cheminements

Si les aiguilles aguerries
Ne croisent ni le pas ni l'abri
Des fils, écailles, embarcadères
Ni les nerfs tressés sous les cris

Si on ne recroise vraiment
Ni les sourires, ni le chant
Ce brin de jour, cette lumière
Un réverbère pour les absents



















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