Un jour, je me suis aperçue qu'au début de "Swanlights", j'entendais "I'm leaving" au lieu de "I'm living".
It's a golden thing, it means everything.
Des cailloux dans les mains, des petites cuillers questionnées, une épopée du quotidien, des tapisseries aux pâtisseries...
mercredi 25 juillet 2012
lundi 9 juillet 2012
Murs murs
Trop de choses et trop de mondes différents pour être cohérente. Les vacances arrivent et tout avait beau l'indiquer, je suis surprise. Hébétée. Des kilomètres pour. Avec. Jusqu'à. Concert de rap sous des bouts de pluie. Le corps qui répond, les mots qui reviennent, les gens auxquels je pense. D'autres pluies, diluviennes, bien plus tard dans la nuit. "Petit frère". Se lever, passer une heure à regarder la nuit et les lumières au loin depuis le balcon. Frissonner.
Etre perdue. Il y a des ébranlements qui détruisent.
La route derrière les efforts de bras tendus, mais les forces sont parties sur d'autres chemins. Rejoindre des oublis provisoires dans les sourires, dans les mots, dans un brunch qui dure. Lire des heures, dans les jardins du Rosaire et pas que, essayer d'y dormir un peu. Sur un banc. Comme si je n'avais plus rien. Est-ce qu'on joue à se faire peur. Ruminer, ruminer, remâcher encore pour créer de nouvelles phrases, pour comprendre, pour chasser la peur et la colère. Lire. Dans le restau seule. Finir Pourquoi être heureux quand on peu être normal ?. Essayer de cacher les larmes derrière le filet d'églefin. Comprendre. Beaucoup mieux. Comprendre à travers l'apparente opposition. Et ces mots qui sont les miens.
Dans la file, un autre livre. Dans la file, et sur la pierre, jusqu'à beaucoup plus tard. Jusqu'à ce que les lumières du théâtre antique et du monde s'éteignent pour écouter la grâce. La silhouette noire improbable perd en un instant son allure étrange et presque empotée. La force du corbeau. Je me sens proche de ça. Hypnoses. Bribes de pensées et de mots envahies de sensations sauvages comme des herbes, poussant au gré des airs. Pluie, encore, sur les genoux, sans bruit. Retour à la case départ.
J'épargne quelques moments puisqu'il faut bien choisir. Journée tranquille, sommeil d'enclume anesthésiée. Le monde se réparera un peu. Peu à peu. Ces trois semaines feront du bien. Un bien fou, je crois, dans la distance et dans le rapprochement. Je rentre chez moi. Oui, chez moi. J'espère n'avoir pas tout de suite à repartir.
Il y a des ébranlements qui détruisent. Mais c'est de ces ruines fendillées que nait l'aplomb. Je suis un mur qui se reconstruit sans cesse. Je suis un mur qui s'effondre parfois, mais c'est le prix à payer pour y ouvrir des portes et des fenêtres. Pour qu'il fasse plus clair.
dimanche 1 juillet 2012
Encore un dimanche avec Boris : Hommes, femmes, gallinacés
Une nouvelle petite sélection: un petit tour à Pigalle avec Je peux m'empêcher, et un petit tour dans l'espace avec La Java martienne.
Joie des fourmis, tristesse de bal
La voix de L recouvre tant bien que mal les résonances du bal sur la place. C'est étrange, ces boum boum dans le creux de cette mélodie nocturne et, d'une certaine manière, lyrique. Oui, le bal, le baloche, la guinche. Pas d'accordéon à l'horizon. Du plus loin que je me rappelle, le bal de la place, aux prémices de juillet, me laisse toujours un peu triste. Remontée des contes de fées méprisés. Qualité discutable de la musique. Répulsion de ces attroupements fillasses et mectons. Impression de solitude, parce que définitivement, je ne suis pas d'ici. De la maison, oui. Mais je n'appartiens pas au village. Mutuellement, on ne se saisit pas. Pourtant, il y a nombre de visages connus, dans ce village. Des bises, quelques mots. Des rencontres fortuites et agréables. Mais la plupart des liens, hors de la famille, sont des liens de seconde mains. Des "amis de". Pas "mes amis de". Mes amis, ils n'habitent pas ici, ils n'habitent plus ici depuis longtemps.
Tout est trop fort, la musique, les rires, et la voix. Forcés. Un éclair de grâce, parfois. Rare. C'est la voix d'L qui me donne envie de danser, seule dans le salon. Avec un verre de vin blanc blanc à la main. De ces danses langoureuses, et solitaires, de ces danses essentielles, de ces crimes sans témoins. Alors, je rentre, et je me réjouis dans la solitude de la maison tardive.


mardi 26 juin 2012
Tessons et cailloux #9
Des bornes et des bornes, un soir, pour écouter de la musique et voir la famille. Des bornes et des bornes, musique annulée, et moitié de famille. Mais quand même l'occasion d'écouter une batucada jouer avec un groupe de cornemuses, au débotté. L'impression qu'on manque de ressources, à force d'organiser : l'annulation ne fait pas place à un fourmillement d'amateurs malgré le monde qui déambule. Et le goût de churros sur le parking.
Aller la chercher à la gare, grignoter assises sur les quais, se poser en terrasse et boire des verres de Montbazillac dans le village éteint, longtemps, par terre, avec un peu de cendre allumée pour faire une lumière. Se parler de ce qui est beau, de ce qui ne l'est pas, prévoir les heures de marche à l'été pour cheminer. Faire le marché, que tout passe trop vite.
Enchainer les films au ciné, être agréablement surprise parfois. Entendre par hasard à la radio les lettres de Calamity Jane à sa fille et se rappeler le lycée. Être poursuivie par ce titre "Pourquoi être heureuse quand on peut être normale ?".
Se laisser aller à rêver. Relire des contes. Se marrer devant Sacré Graal avec les élèves. Entendre de belles choses avant de bientôt quitter cet endroit, le lieu de mes journées.
Laisser revenir petit à petit le doux rêve de la nuit, savoir aussi que ce rêve ne prendra pas pied dans la réalité. Avoir un peu de peine, essayer pour cette fois de ne pas se laisser émietter.
Se laisser aller à revenir, un jour, au moins en pensée.
mardi 19 juin 2012
Les étoiles tristes
On a regardé s'égrainer les étoiles sur le tableau. Les résultats par pôles. Mais sont-ils magnétiques ? De grands cercles, presque parfaits, et puis, des cabossés, qui vont en pics et abysses. Un question d'aire. De visibilité. Les lignes se font parfois lignes de fuite quand elle suivent si bien la courbe de la classe que c'en est troublant. Les élèves "représentatifs et moyens" à tous égards sont rares. Lignes de fuite aussi quand, et cela arrive souvent, les résultats ne disent que peu des efforts, ou au contraire des abandons.
On apprend alors que les étoiles attendues sont des cercles, sans aspérités. Mais que les étoiles-étoilaires sont problématiques. (J'aimerais ne jamais avoir à le dire à un enfant).
On note, on parle, on écoute : progrès, effort, travail, participation, soin, capacités, attitude, abandon, dynamique. On fait de notre mieux pour ne jamais se contenter d'une vaine plainte, mais pour trouver des solutions, des propositions, pour provoquer des déclics, pour aider la confiance, pour restreindre les mouvements descendants. C'est long, c'est fatigant d'aider quelqu'un à son corps défendant. C'est impossible en fait, mais je crois que l'impossible on le tente (presque) tous les jours. Juste parce que des fois, ça marche.
Et puis on est passé à une nouvelle étoile. Toute petite et toute accidentée. C'est le déluge qui en est tombé, parce que l'élève derrière l'étoile avait mis tellement de force CONTRE, que la situation était intolérable pour tous. Il n'a eu de cesse de se saboter, de se saborder avec un sourire franc et massif, avec une voix forte et assurée. L'impuissance a rarement atteint de tels sommets. Le pourquoi qui résonne n'obtiendra pas de réponse. Alors, le déluge, le dégel, et moi je regarde l'étoile. Elle a un peu une forme de papillon, mais c'est tellement triste, ces ailes atrophiées.
Ce soir, j'ai vu défiler des étoiles, un peu étourdie parfois, et je me demande jusqu'à quel point on les dessine, jusqu'à quelle point on leur permet de s'étendre et de s'allumer.
Il est toujours grand temps....
vendredi 15 juin 2012
"Et on prendra un dessert à la maison"
Les derniers jours studieux malgré les joies et libérations diverses. Copies, notes, bulletins et tout le tintouin. Parler du célibat dans une Épicerie qui n'est pas un bar à tartines mais quand même. Batailler et rire à la fois avec des élèves qui se sentent déjà en vacances. S'amuser à les surprendre. Encore toujours. S'énerver aussi. De les voir parfois se saboter joyeusement. De les regarder s'ignorer, oublier de s'écouter. Sourire fort de leur enthousiasme d'avoir obtenu une note inespérée.
Et puis aller boire une mousse en terrasse avec Ma.
Et puis le lendemain, repartir ensemble et parler des heures. Devant les crocus du café Charbon, devant un verre de Montagny. Et puis en souriant devant un dessert tout en sachant que dans la voiture il y en a un autre pour plus tard avec ceux qui attendent à la maison. Parler, et petit à petit confier, parce que cela va de soi. S'étonner, s'interroger ensemble. Dans cette compréhension complice et évidente alors que la tablée derrière nous hurle et parle de foot. Parler de lui, parler d'elle. Des autres lui et des autres elle. Revenir une heure trop tard, s'en foutre. S'installer dans le jardins aux herbes hautes près de la balançoire, en grignotant. Dans la cuisine, devant une tisane. Dans la voiture. Parler parce que cela va de soi, parce que le flot ne saurait être endigué.
En rentrant, la nuit et les étoiles, le ciel qui contraste avec la place. Penser qu'elle me fait comme une chanson des Têtes raides. Que je ne sais pas plus ce qu'il faut que je fasse de tout ça. Pas elle, mais elle.
Sourire, épuisée.
Et puis aller boire une mousse en terrasse avec Ma.
Et puis le lendemain, repartir ensemble et parler des heures. Devant les crocus du café Charbon, devant un verre de Montagny. Et puis en souriant devant un dessert tout en sachant que dans la voiture il y en a un autre pour plus tard avec ceux qui attendent à la maison. Parler, et petit à petit confier, parce que cela va de soi. S'étonner, s'interroger ensemble. Dans cette compréhension complice et évidente alors que la tablée derrière nous hurle et parle de foot. Parler de lui, parler d'elle. Des autres lui et des autres elle. Revenir une heure trop tard, s'en foutre. S'installer dans le jardins aux herbes hautes près de la balançoire, en grignotant. Dans la cuisine, devant une tisane. Dans la voiture. Parler parce que cela va de soi, parce que le flot ne saurait être endigué.
En rentrant, la nuit et les étoiles, le ciel qui contraste avec la place. Penser qu'elle me fait comme une chanson des Têtes raides. Que je ne sais pas plus ce qu'il faut que je fasse de tout ça. Pas elle, mais elle.
Sourire, épuisée.
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