jeudi 6 décembre 2012

Vases Communiquants de décembre : Amélie

Pour mes premiers vases communicants, j'ai la joie de vous laisser en compagnie d'Amélie (like the movie), amie, enseignante de FLE en Kirghizie, et source d'inspiration pour les mots et pour la vie en général.  De mon côté, je suis de passage sur son fabuleux espace. Et puis, pendant que vous y êtes, allez voir là-bas si elle y est (avec d'autres), pour donner, un peu comme la crème de marron dans le fondant au chocolat, de la profondeur et du velouté au quotidien 
Laissez-vous dépaysager. 
Belle journée à vous. 





J'ai proposé "l'impatience" à l'habitante de ces lieux parce que j'avais hâte d'échanger avec elle, parce que nous le faisons depuis longtemps, à plusieurs endroits, de multiples manières, mais que les vases communicants, c'était une nouvelle façon de faire, et je crois pouvoir dire que l'image nous parle à toutes les deux. Merci à toi, de m'accueillir, avec mes marchroutkas rouillés, au milieu de ce vert, et de tes mots en vers, qui toujours savent me toucher.


Poème de marchroutka

Je voulais écrire un poème de marchroutka
Comme d’autres écrivent des poèmes de métro
Mais les corps pressés compressés empressés embrassés
Embarrassants
Impatients
Mais les regards intrigués
Fatigants
Je ne m’habitue pas à ce qu’on m’observe si tant

Je voulais écrire un poème de marchroutka
Comme d’autres écrivent des poèmes de métro
Mais la chaleur éreintante
Apposée à la buée du dehors
Aux degrés en moins
A ce froid qui mord
Mais les ornières de la route
Secousses des passagers
Mais les corps qui se voûtent
Contorsionnistes de voyage
Nous sommes des pantins claqués
Calqués
Sur l’aube

Je voulais écrire un poème de marchroutka
Comme d’autres écrivent des poèmes de métro
J’ai appris à décliner les mots ici et
J’aime cette langue
Puisqu’elle me permet ça
Les doigts désaisissent le plafond
Pour indiquer au chauffeur
Où je m’arrête
Où je descends

Je voulais écrire un poème de marchroutka
Comme d’autres écrivent des poèmes de métro
Huit com glissés dans sa main
Lanière en caoutchouc pour refermer la portière
Sur le rien
Pas d’arrêt pas d’horaire
Après tout pour quoi faire
Quand on peut juste dire où l’on va
Et attendre sans en avoir l’air
Que veuillent bien s’arrêter
Les marchroutkas

Je voulais écrire un poème de marchroutka
Comme d’autres écrivent des poèmes de métro
Mon corps est chahuté
Mon carnet est désert
Mais il est encore tôt.

Amélie Charcosset
[décembre 2012]


Aucun commentaire: