mercredi 20 octobre 2010

Sur la voix...

E pericoloso sporgersi... Se pencher sur sa voix... la travailler, la creuser la sculpter. Dangereux, parce que c'est parfois le meilleur moyen de la perdre, sa voix, de dérailler. Aujourd'hui je travaillais sur des chansons minuscules qui sont rependues sur le carnet, et qui vont partir direction l'Espagne bientôt. Je voulais en faire un truc, leur donner une voix autre que celle des déliés de la cartouche bleue. Envoyer peut-être un bout de cd avec le carnet, pour que notre dialogue musical s'enrichisse encore. Mais la voix ne sort pas comme je voudrais, je n'arrive pas à trouver la "petite musique", l'air profond de chaque chanson. 
Non, en fait, c'est pas ça... ces airs, je les ai plus ou moins mais j'ai du mal a les entendre. L'impression que c'est toujours la même, cette voie de la voix, et je voudrais lui donner d'autres inflexions, d'autres accents, d'autres articulations. Arriver à glisser différents entre les consonnes, réorganiser mon discours musical. Arrêter de penser "désuète", ce mot qui s'est agrafé à tout ce qui sort de moi. Arriver à jointurer mon percucorps à cette voix qui manque de dynamisme. Mais ça marche pas, je ne danse pas comme je chante. Impossible de travestir ma voix sous peine de la perdre, de la voir se barrer dans le faux... Faux, semblant, pale imitation d'alors... La peur du chant aigu, pointu, un peu vieillot. Lyrique. C'est le bat qui blase et qui délaisse. Lyrique malgré moi. Lyrique refoulée, oiseau-livre plus que lyre, c'est pas dans mes cordes ces refrains là. 
Alors il suffit de se taire un peu et de monter la note, dans le calme de l'appartement "En septembre je suis trop douce". De sourire du constat, de pâlir dans l'effroi d'être déjà octobre, de mourir de la voix et d'écouter l'équation impossible que d'autres voix ont déchiffré.  "Mon frère arrive d'Angleterre au train de quatre heure et demi..."

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