samedi 23 octobre 2010

Les choses graves

Il y a beaucoup de choses "graves" à évoquer ces jours. Qu'est-ce qui est "grave" ? Quelle échelle faire de la "gravité" ? Le grave serait ce qui touche, ce qui tombe si bas, quelque part dans le ventre, quelque chose que le corps entendrait avant nos oreilles, notre cerveau, notre raison. Quelque chose entre le cœur et l'estomac, qui vibre. Comme ce qu'on attribue aux sons graves. Les choses graves peuvent alors être joyeuses, douloureuses, dégoutantes, puissantes : elles résonnent ailleurs. Le ton des deuils, des catastrophes et des amants sur le point de se trouver. Les choses graves conservent leur statut de "grave" quand le cerveau ayant pris possession de l'information se dit que le corps avait raison dans sa réaction première. Quand réaction et réflexion, ensembles, prennent la mesure de la situation et se confortent, et s'encouragent, et s'amplifient. Les choses "graves" ont du poids. Si bien que tout autour parait babil et volage, parait s'envoler vers des cieux ridicules tandis que le grave nous colle à la grève, sous les cailloux le sable, la terre et la table.
Oui il y a des choses graves à évoquer ces jours. Des choses si graves que je n'ai pas les mots, juste les vibrations. Des prisons à ciel ouvert, des fumées dans la gorge, et des bâtons qui volent. Pardonnez moi alors, de ne pas les détailler ici. Terriblement besoin de légèreté, de petits sauts aigus et futiles, un peu égocentriques. De savoir qu'il y autre chose, à côté du grave. Qu'il y a quelque chose d'autre que nos "bouquets de nerfs".

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