mercredi 5 janvier 2011

Tessons et cailloux #5

Après quelques heures, le temps de changer d'espace temps, de rentrer dans un appart' vide, de ranger un peu, de trainasser à la bibli, de manger un bagel peanut butter au goût un peu triste. Le temps de verser quelques larmes sur le quai après le départ du train. 
Dans les cailloux ramenés de vacances, il y a la dernière semaine avec la venue de L. La gare de nuit, les parties de Bonhanza, les paroles de Brel qui s'incrustent dans les conversations, la cuisine végétarienne, les mots en anglais -si bien que dans la rue tout à l'heure on m'a demandé si je donnais des cours. Un jour de l'an time's up et quelques belles surprises. Les jambes se détendent dans les escaliers de la croix, dans les côtes du Jura. Festival gastronomique un peu alcoolisé (Chartreuse et Brugse Zot). De la neige, du rouge au joues. Des hésitations magnifiques en français.
"Je suis heureux
-Non, tu es heureuse.
-Ah oui, je suis une fille donc je suis heureuse."
De la neige, du bazar dans la chambre et une fondue savoyarde. Un verre de l'amitié. Une heure de skype. Des silences légers. Des grasses matinées. Elle s'est tellement bien tricotée dans le quotidien, celui qui peut se créer en 7 jour et qu'il m'est déjà un peu difficile à défaire. L. est drôlement chouette. Tout le temps, quand elle lit des bouquins improbables, quand elle dévalise un magasin népalais à Saint-Jean, quand elle gère les lasagnes veggies, même quand elle est un grumpy à cause de la faim ou du sommeil. Fidèle à cette petite voix qui l'air de rien demandait, à des années lumières, "do you like the goldfish ?". L. is so  more than cute...

Cette semaine à l'image du reste des vacances me rappelle combien j'ai de la chance, combien il y a de gens fous et merveilleux autour. La joie violentes des enfants, et leur sérieux quand il s'agit de parler des paléontologues, des baleines, des bébés. La joie à peine moins violentes des adultes quand enfin, vers minuit du matin ils se mettent à chanter des chants de Noël, même que les mômes sont couchés, même que c'est que pour eux, et qu'on voit la lueur éblouissante au fond de leurs joues, celle qu'on avait oublié de voir parfois. Il y a le soulagement de continuer à communiquer, à avancer malgré les opérations et les dépressions. La redécouverte de l'atelier, de son enthousiasme et la force de nouvelles perspectives, l'envie de continuer. En mieux encore. Les deux A. sont de retour de leurs contrées lointaines. C'est bon de revoir l'une, un peu douloureux de manquer l'autre. Et puis il y a les gens qu'on commence, qu'on continue à découvrir. A lire. A écouter. Il y a les rires de nous deux gamines, au fond de l'appart'. On est bien là.

Et puis en vrac le retour de l'appareil photo, le thé fumant dans la fonte, le retour de Starmania -qu'il est bon d'hurler "Je suis un travesti" avec Sadia- et bien d'autres plaisirs indicibles peut-être inavouables, au moins inexprimables. Des plaisirs oubliables, fugaces, présentement intenses, palpables et si vite fanés  mais qui laissent une saveur inoubliable à ces jours si légers. 

"Tout est bon ici ça va, je suis vivant, ici ça va". Je chantais ça le jour où j'ai su. Je chante encore. "Tout est bon, ici ça, je suis vivant, ici c'est chaud, je suis suis sauvé, ici ça va, je suis vivant, ici c'est bon, ici ça va..."

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