samedi 31 mars 2012

Des heures contre désert

Trois heures. Trois heures ce n'est rien, par rapport aux centaines d'heures. Aux centaines d'à moitié, de mal, de peu, de trop. Par rapport aux heures à chialer toute seule, dans la voiture, par rapports aux cauchemars qui ont envahis mes nuits la moitié de l'année, par rapport aux doutes, par rapport aux peurs, par rapports aux appréhensions dressées la nuit et le matin. 
Trois heures c'est tout petit, minuscule, mais c'est une victoire. Un éclat comme n'en connaissent que ceux qui ont essuyé des échecs cuisants et des douleurs assassines. Trois heures au bout de l'absurde, des questions, de la rage et de la colère, trois heures après toutes celles passer à éteindre certitudes et illusions. Trois heures après des centaines à "apprendre la vie" comme on dit. Trois heures après toutes celles à savoir ce que ça coûte, de "gagner sa vie". 
Oui, il y a eu d'autres moments de grâce, d'autres perles, mais elles se sont perdues dans le magma et la nuit, toutes seules. Là, elles sont trois, ces heures, elles font comme un collier à se mettre autour du cou, à toucher du doigt les jours où ça ne va pas. Elles s'encouragent les unes et les autres. Elles sont d'autant plus belles qu'elles attendaient dans des huitres à priori hermétiquement fermées.
Ces trois petites heures me soulagent, me permettent enfin une forme de repos. Une force pour affronter l'obscurité qui, je n'en doute pas, n'a pas complètement tourné les talons. Que peut bien valoir le reste à côté de cela : trois heures à ma juste place dans le monde.

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