lundi 6 décembre 2010

Dans la poussière #2

Je triche un peu parce que celui là, il n'a pas eu le temps de prendre la poussière, c'est un bout de mon NaNo, mal tricoté, comme une trace d'un moment important. une réponse aussi peut-être à l'impossibilité de finir... Voici un peu des Pià.


"Un peu plus tard, son corps glisse dans l'eau. Et les gestes s'enchainent. Il faut retrouver le souffle particulier à l'effort, aux poumons hors de l'air. Les pensées se répandent dans le bassin et la tête en silence semble comme allégée. Il n'y a plus qu'un corps, présent, qui se tend, encore. Et des gouttes sur les cils avec l'odeur du chlore. Les nuages sous ses paupières vont se planquer quelque part, ne pas être rongés. Les cieux sont dégagés, dans la soirée. Le coucher de sommeil sera rose et léger. En rentrant sac à dos, muscles au repos, et des cheveux à peine humides, Pià ne résiste pas à l'envie de l'arbre et s'arrête un moment. « Et maintenant, quoi ? ». Et maintenant moi. Oui bon, c'était facile, pas très gracile. Mais n'empêche, c'était loin d'être évident, trouver un moi au fond des mots de Pià. Elle ne pensait qu'à elle mais tout était toujours éparpillé, partagé. Les coutures des trois petites lettres de « moi » ne tenaient pas sous la pression et il fallait chaque fois de longs mois. Reprendre, repriser, recoudre une voix à soi. Ne pas se perdre entre le français et l'anglais, isn't it. Concilier, se rapprocher. Dans sa tête comme le font les très jeunes enfant, elle s'appelait parfois « Pià ». Se regarder de loin, un peu curieuse, pour voir ce qui tenait sous trois lettres, trois autres lettres un peu moins précises que « moi ». Nous l'avons déjà dit, Pià déborde, Pià est trop, en trop, par trois fois trop de... de quoi ? Alors quand elle arrivait à dire « moi » avec conviction, avec la sensation de tenir tout entière dans si peu elle savait que ça allait. Chez elle, c'était le court qui en disait le plus long. Toujours. C'était la seule constante : réussir à se resserrer, sans se réduire, être un tissu un peu plus solide. Il y avait des mailles manquées chez Pià. Des bouts de corde qui ne collaient pas."

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