Laissez-vous dépaysager.
Belle journée à vous.
J'ai
proposé "l'impatience" à l'habitante de ces lieux parce
que j'avais hâte d'échanger avec elle, parce que nous le faisons
depuis longtemps, à plusieurs endroits, de multiples manières, mais
que les vases communicants, c'était une nouvelle façon de faire, et
je crois pouvoir dire que l'image nous parle à toutes les deux.
Merci à toi, de m'accueillir, avec mes marchroutkas rouillés, au
milieu de ce vert, et de tes mots en vers, qui toujours savent me
toucher.
Poème de marchroutka
Je voulais écrire un poème de
marchroutka
Comme d’autres écrivent des poèmes
de métro
Mais les corps pressés compressés
empressés embrassés
Embarrassants
Impatients
Mais les regards intrigués
Fatigants
Je ne m’habitue pas à ce qu’on
m’observe si tant
Je voulais écrire un poème de
marchroutka
Comme d’autres écrivent des poèmes
de métro
Mais la chaleur éreintante
Apposée à la buée du dehors
Aux degrés en moins
A ce froid qui mord
Mais les ornières de la route
Secousses des passagers
Mais les corps qui se voûtent
Contorsionnistes de voyage
Nous sommes des pantins claqués
Calqués
Sur l’aube
Je voulais écrire un poème de
marchroutka
Comme d’autres écrivent des poèmes
de métro
J’ai appris à décliner les mots ici
et là
J’aime cette langue
Puisqu’elle me permet ça
Les doigts désaisissent le plafond
Pour indiquer au chauffeur
Où je m’arrête
Où je descends
Je voulais écrire un poème de
marchroutka
Comme d’autres écrivent des poèmes
de métro
Huit com glissés dans sa main
Lanière en caoutchouc pour refermer la
portière
Sur le rien
Pas d’arrêt pas d’horaire
Après tout pour quoi faire
Quand on peut juste dire où l’on va
Et attendre sans en avoir l’air
Que veuillent bien s’arrêter
Les marchroutkas
Je voulais écrire un poème de
marchroutka
Comme d’autres écrivent des poèmes
de métro
Mon corps est chahuté
Mon carnet est désert
Mais il est encore tôt.
Amélie Charcosset
[décembre 2012]
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