dimanche 23 juin 2013

Revenue

C'est revenu alors que j'écoutais "S'en aller" de Jérome Van Den Hole, un dimanche après-midi de juin, à la croisée des mappemondes.

Revenue dans la colère des absurdités professionnelles qui m’électrisent les épines, la colère qui renverse les monceaux de politesse, les murs de patiences, les grands tas de discrétion entassés devant la porte. La colère qui me fait sortir de ma légendaire peur de déranger. Revenir au cri, à la voix, au bruit qu'il faut faire pour être entendu, au "non" sans appel du mépris de trop. 

Revenue dans la joie des amis qui passent me voir dans la douceur de la maison-fo(u)(l)le, des discussions, les mains bien à plat sur la grande table de bois, à côté des fleurs qui colorent la table et devant le bouquet d'images parfumées. Revenue dans le totem du jungle qui vole, dans le sourire gourmand "il-faut-que-je-te-dise" d'A. que je sentirais les yeux fermé, et dans leurs silhouettes à moto, dans les autres mains que les miennes qui s'activent dans la cuisine, et la bière brassée maison à l'étiquette superbe. Les couches du palmier qu'on effeuille en écoutant de la musique. Revenir dans les petites tasses-feuilles de vodka, pure, toujours pure, qui se suivent et descendent à sec, les yeux dans les yeux, en riant fort d'être là, toujours là et de cramer comme des gamines. Sentir dans la peau qu'il y a des gens autour, vraiment

Revenue dans la tristesse des dernières fois avant longtemps, dans le frisson devant la moto qui crisse à contresens dans la ruelle à se dire qu'ils seront loin bientôt. Revenue dans les bras d'A. qui me serrent le cœur. Et qu'en fait ça fait un peu mal, l'éloignement de ces bras là. 

Revenue dans le calme des séances de yoga, de solitude, de silence, d'écriture aux heures les plus déraisonnables de la nuit. Dans la douceur égarée qui revient. 

Revenue dans le réconfort des mots de cette ancienne élève, dans le souvenir des élèves avec lesquels nous avons partagés, avec qui nous avons construit, et même un peu créé quand c'était pas gagné. Revenue dans ces petites mains qui font des cœurs au fond du bus scolaire, alors que les visages sont trop loin dans le contre jour, alors que je sens à la fois la chiale et la force derrière le volant. 

Revenue dans le lâcher prise, malgré les heures de téléphone avec l'assurance, malgré les organisations abracadabrantesques et fluctuantes, malgré la grande inconnue annuelle sur les directions de l'avenir. 

Revenue comme si je commençais à me débarrasser de ma pelisse hivernale anesthésiante. Revenue dans les gardes qui tombent et les fous qui pointent, dans les désirs qui ne font plus peur et les espoirs qui ne font plus mal, dans le reflet de la glace qui me dit que ça va. Revenue de ce lieu où j'avais les poumons englués et les yeux suintants de suie. 

Revenue, pour mieux repartir, peut-être. 
Revenue pour apprendre à m'en aller encore et à nouveau.
Revenue, revenante. 
Revenue à moi après les comas
Revenue, discrètement, pour voir, pour dire au-revoir, et pour continuer. 


samedi 15 juin 2013

Pause

L'espace pétrifié est entre parenthèses. Mais ça bat toujours, même lentement, sur www.unquartnee.blogspot.com .